Voici un court récit que je viens d'écrire, étant malade et ne voulant pas rester au lit à rien faire toute la journée.
Tylmanar leva les yeux et dégaina son épée. Serrant la garde en priant, il jura sur tout ce qu’il aimait de les défendre jusqu’à sa mort, qu’importe la gloire et la vie. Il abaissa la visière de son casque et saisit fermement les rennes; toute pensée l’avait quitté et il s’efforça de ne pas trembler. D’un coup ferme du talon son coursier s’élança à travers la faible bruine, courant vers le lieu honni qu’il s’était promis de ne jamais fouler ; mais là tout choix lui était impossible, il ne le savait que trop bien. S’il se battait ce soir ce n’était que parce que là était son destin. Il traversa la pleine à une telle allure que tout devenait flou à ses yeux, sur ses joues coulaient des larmes et son âme hurlait de douleur. Jamais il ne reverrait sa femme et son fils, jamais plu il verrait leurs doux visages et n’aurait la joie de vieillir à leur côté. Mais c’était de bon gré qu’il s’était lancé dans cette tentative désespérée. Il se revoyait faisant ses adieux à son enfant, lui faisant promettre de toujours se montrer brave face à l’adversité et l’inconnu. La dernière étreinte l’unissant à son amour de toujours fut comme une lance enflammée lui transperçant le cœur. À présent son seul réconfort était le sentiment de savoir qu’ils auraient le temps de s’enfuir. Mais las! que de sacrifices il devait entreprendre afin d’assurer leur vie! Il ne se doutait pas que les pillards noirs venu ravager leurs terres ne feraient guère preuve de pitié à son égard.
Soudain il ouvrit les yeux, une flamme intense s’était allumée au plus profond de son être, il pouvait voir chaque trait de ses nombreux ennemis et les maudit de toute son âme. Il brandit son épée et se jeta dans la mêlée car à présent peu lui importait la mort ou la douleur. Il se sentait transporté loin de là, loin des souffrances du monde matériel. Les limbes de son esprit ne se préoccupait plus de ses ennemis, ni des coups qu’il recevait. Il frappait, encore et encore. Seule l’amour et le désespoir lui donnait encore la force de ne pas quitter ce monde. Mais il savait que ce moment ne devait plus tarder. Son bras faiblissait et toujours plus d’yeux blancs et emplis de haine se massaient à sa vue. Il ne tarda pas à s’effondrer, ne pouvant plus retarder son funeste destin. Il ne dit rien, ne demanda pas pitié et écarta les bras en fermant ses yeux embués par ses pleurs. Il vit alors l’entier de sa vie défiler dans son esprit, tout était flou et confus mais il se rappela alors les instants merveilleux qu’il avait passé: tout ce qui pour quoi il valait la peine de venir au monde, il l’avait vécu intensément. Alors il sentit une étrange sensation de plénitude, tout lui était égal et la colère du monde le laissait indifférent. Il ne se sentait même plus la force d’haïr les responsables de sa séparation de ceux qu’il aimait dans ce monde. Ce moment sembla durer infiniment, toute notion du temps l’avait quitté et il se demanda s’il n’était pas déjà mort. Il prit l’effort d’ouvrir les yeux et fut éblouit par la forte lumière qui régnait dans ce lieu d’habitude très sombre. Autour de lui aucune trace de ses assaillants, tout n’était que calme et lumière. Se sentant transporté par une joie intense, il se leva et marcha là où son cœur lui ordonnait. Ses pieds glissaient sur le sable fin et il arriva dans les champs fleuris de sa propriété, partout la nature rayonnait de gaieté et de joie. À l’entrée de sa maison l’attendait sa femme et son fils, les bras ouverts et accueillants. Il courut alors, si vite qu’il manqua de trébucher à chaque pas. Il grimpa les escaliers quatre à quatre et se jeta dans les bras de ceux qu’il crut perdre à jamais. Si cette vie-là était la mort, mieux valait ne pas s’attarder sur terre…
Je l'ai écrit sur le musique "Vivo per lei" d'Andrea Bocelli (magnifique chanson)