Enclaves Elfiques - Ulthuan vs Naggaroth
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Enclaves Elfiques - Ulthuan vs Naggaroth

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 [Recit] L'âme en peine

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Eruvas
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Wolfen
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Wolfen
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MessageSujet: [Recit] L'âme en peine   [Recit] L'âme en peine EmptyJeu 21 Fév 2008 - 21:37

Le ciel, d’un gris maussade, pesait sur la petite ville côtière, dont les flancs étaient battus par des vagues sans conviction. C’était d’ordinaire un lieu plein de vie et de gaieté, où il faisait bon vivre et qui se pâmait sous les doux rayons d’un soleil attendri. Mais la guerre avait embrasé l’Empire et les volontaires étaient partis. Privé de sa jeunesse, le village s’était lentement enfermé dans sa solitude apathique et le soleil l’avait délaissé.

Les habitants ne sortaient que lorsque cela leur était nécessaire et filaient, le dos courbé par une fatalité inconnue, sans même saluer leurs amis de toujours. La ville était depuis évitée des voyageurs, peu désireux de passer la nuit au sein de ces spectres las et l’auberge se trouvait de fait bien vide.

C’était une bâtisse de bonne taille qui avait été mignonne par le passé mais que, peu de temps auparavant encore, le soleil faisait sourire au point de la faire passer pour belle. Désormais, enveloppée d’une brume grise, c’était un lieu sinistre. On y entrait en descendant deux marches et l’on était alors comme aspiré par le vide du lieu. Les tables, couvertes d’une couche de poussière, étaient éparpillées en désordre pour laisser un passage de l’entrée à l’escalier qui menait à l’étage. On ne trouvait en tout que deux personnes dans l’immeuble : l’aubergiste, un ancien mercenaire, sec et courbé par le poids des années, à la jambe de bois et au sourire cynique de celui qui a trop de fois fait face à la Mort, ainsi qu'un client. Il était arrivé peu avant la guerre et ne sortait presque pas de sa chambre, depuis. Ceux qui l’avaient vu le disaient vieux, étrange et barbu. C’était une description qui lui convenait bien : c’était un vieil homme à la barbe grise et aux yeux d’un bleu pénétrant, vêtu d’une longue robe grise qui semblait l’accompagner depuis des lustres.

L’aubergiste et le vieil homme cohabitaient en silence, à l’image du reste du village ; le client ne descendait qu’une fois par jour, au dîner et mangeait peu et rapidement. Il payait ensuite et s’attardait à la fenêtre, par laquelle on voyait les falaises au vert terni dont le caractère, autrefois pittoresque, plaisait tant aux voyageurs, puis il remontait dans sa chambre. Alors l’aubergiste observait à son tour le paysage, se perdant à son tour dans ses souvenirs, jusqu‘à ce que la nuit n‘engloutisse le village et qu‘il aille à son tour dormir.

La chambre du vieillard était une petite pièce, constituée d’un vieux lit, d’une commode et d’un petit bureau, placé sous la fenêtre, qui offrait une vue sur l’océan. En y entrant, après avoir mangé, le vieil homme allumait une pipe qu’il fumait assis sur sa chaise, le regard posé sur le mur, puis il se penchait sur son bureau et sortait un vieux cahier de sa robe. C’était un cahier à la reliure sobre et de facture vraisemblablement étrangère. Il y notait quelques lignes dans un sombre dialecte et le refermait, le rangeait avant de contempler la mer un moment, avant que l’obscurité ne la saisisse. Il retombait alors sur sa chaise et s’endormait dessus, la tête posé sur le torse.



Un soir que l’aubergiste était allé se coucher de bonne heure, alors que le vieil homme contemplait comme à son habitude la morne étendue qui s’étendait à l’infini et se brisait sur les noirs rochers de la côte, un grattement se fit entendre contre la porte. D’un geste surprenant de rapidité, le vieillard se dressa sur ses pieds et se plaça contre la porte. Il attendit quelques instants, puis gratta à son tour. Il y eut un silence et les secondes parurent s’étirer et se prolonger avant qu’il entende un nouveau grattement. Alors, avec une lenteur délibérée, il ouvrit la porte et fit entrer l’ombre qui s’arrêta au milieu de la petite chambre et parut l’examiner d’un œil vif et inquisiteur. Alors que le vieil homme fermait la porte avec la même douceur qu’il ne l’avait ouverte, l’inconnu se retourna vers lui. Ses traits, que la lueur de la chandelle révélait sous sa capuche, étaient taillés à la serpe et ses yeux d’un noir ensorcelant. Il était vêtu d’un long manteau noir dont dépassait des mains d’albâtre et une lame, courte et menaçante. Un terrifiant sourire barra son visage et il demanda :
« Avez-vous l’orbe ? »
Le vieil homme soutint son regard sans ciller et hocha gravement la tête. Il tendit la main, la paume ouverte, l’air sûr de lui. Le ténébreux visiteur hésita un instant, puis sortit de sa tunique une longue chaîne qu’ornait un corbeau d’ébène orné d’un rubis à la place de l’œil et qui semblait pulser comme un cœur battant. Le vieil homme le prit, le leva pour l’examiner puis le rangea à son tour dans sa robe.
« Vous trouverez l’orbe dans le cimetière. Allez à la tombe de Karl Sternz et ouvrez-la. »
L’inconnu hocha la tête, visiblement satisfait et ce mouvement mit en évidence son oreille droite, dépourvue de lobe et en pointe : un elfe ! Il repassa vers la porte de la pièce et l’ouvrit prudemment. Après s’être assuré que personne ne venait, il se retourna une dernière fois et murmura :
« Vous savez ce qui vous attend si vous nous avez trompé. Nous vous conseillons de quitter le village dès demain. Toute trace de notre passage sera effacée dans le sang. »
Et sans attendre, il se finit dans les ombres du couloir.

Longtemps après ce départ, le vieil homme était toujours à son petit bureau, un sourire satisfait aux lèvres. Il sortit le talisman que lui avait remis l’elfe noir et le contempla un moment avant de le passer au cou. Il ferma les yeux, comme pour le ressentir et ne bougea plus pendant un moment. Puis, sans se départir de son sourire, il sortit de sa robe un orbe bleu sombre, qu’il caressa distraitement. Dehors, un orage éclata.





---


J'écrirai sans doute une suite sous peu et j'essaierai de trouver un titre (les titres constituant mon gros point faible, j'ai toujours les pires difficultés à en trouver un qui me convienne)


Dernière édition par Wolfen le Lun 6 Oct 2008 - 19:51, édité 3 fois
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Sheena Powaaaaa !!
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MessageSujet: Re: [Recit] L'âme en peine   [Recit] L'âme en peine EmptyJeu 21 Fév 2008 - 22:11

Citation :
En y entrant, après avoir mangé, le vieil homme allumait une pipe qu’il fumait au bureau, le regard posé sur le mur, puis il se penchait sur son bureau et sortait un vieux cahier de sa robe

Petite répétition, certes c'est dur à remplacer, mais bon.

A part ça, rien à dire, j'attends la suite.
Je t'aurai bien aidé à trouver un titre, mais je préfère attendre, voir le scénario ;)

Sheena - Chocapic V7
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Llomarin
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MessageSujet: Re: [Recit] L'âme en peine   [Recit] L'âme en peine EmptyJeu 21 Fév 2008 - 22:43

Yeah **yeha**
Très très bon début de récit.
Tu plantes super bien le décor et on te lit avec plaisir.
Ensuite, le scénario : des elfes :thumright:, des elfes noirs dupés de surplus, que demander de plus ? XD
On attends donc naturellement la suite.
Bonne continuation !

Llomarin.


PS : en plus tu as le droit à mon millième message, Wolfen, je t'honores **laugh*
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Eruvas
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MessageSujet: Re: [Recit] L'âme en peine   [Recit] L'âme en peine EmptyVen 22 Fév 2008 - 11:59

:thumright: **yeha** :thumleft:

Génial ! J'adore ton début de récit !
Allez, je relève deux-trois passages pour la route :

Citation :
l’aubergiste, un ancien mercenaire, sec et courbé par le poids des années, à la jambe de bois et au sourire cynique de celui qui a trop de fois fait face à la Mort et un client. Il était arrivé peu avant la guerre et ne sortait presque pas de sa chambre, depuis.
C'est le passage : qui a trop de fois fait face à la Mort et un client qui m'intéresse. En lisant cela, j'ai eu l'impression que tu parlais toujours du sourire de l'aubergiste, tout au long de la phrase, j'ai donc un peu décroché sur la suite. Tu aurais peut-être du mieux faire la séparation, genre : ...qui a trop de fois fait face à la mort. Il y avait aussi un unique client,..... Je pense qu'on comprendrais mieux.

Citation :
Un soir que l’aubergiste était allé se coucher de bonne heure
:scratch: Un soir, alors que l'aubergiste était allé se coucher de bonne heure ....

Vivement la suite !
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Wolfen
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MessageSujet: Re: [Recit] L'âme en peine   [Recit] L'âme en peine EmptyVen 22 Fév 2008 - 17:21

Citation :
Petite répétition, certes c'est dur à remplacer, mais bon.

Je vais corriger ça. ;)


Citation :

C'est le passage : qui a trop de fois fait face à la Mort et un client qui m'intéresse. En lisant cela, j'ai eu l'impression que tu parlais toujours du sourire de l'aubergiste, tout au long de la phrase, j'ai donc un peu décroché sur la suite. Tu aurais peut-être du mieux faire la séparation, genre : ...qui a trop de fois fait face à la mort. Il y avait aussi un unique client,..... Je pense qu'on comprendrais mieux.

C'est vrai que ce n'est pas clair. Cependant, séparer la phrase en deux n'irait pas avec le début de la phrase, vu que j'annonce deux personnages. Mais tu as raison, je vais remplacer et par ainsi que ; on verra déjà mieux la séparation.

Citation :

Un soir, alors que l'aubergiste était allé se coucher de bonne heure ....

Non, ma phrase est française. C'est une tournure peu utilisée, surtout à l'oral, mais c'est correct. ;)

Merci à tous, en tout cas.
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le sanglant
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MessageSujet: Re: [Recit] L'âme en peine   [Recit] L'âme en peine EmptyVen 22 Fév 2008 - 17:36

je comprend pas comment y fait l'aubergiste pour vivre si il a qu'un seul client?
a part sa c'est très bien
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Wolfen
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MessageSujet: Re: [Recit] L'âme en peine   [Recit] L'âme en peine EmptyJeu 11 Sep 2008 - 23:21

L’aube se levait tardivement sur la ville côtière, comme si la nuit avait été retenue au loin pendant de trop longues heures et le ciel, sombre ciel tourmenté par les horreurs de la nuit, semblait s’appuyer de tout son poids sur le clocher silencieux de la petite église qui servait de Temple de Sigmar. Pas un bruit ne venait troubler le silence endeuillé qui planait là.
Il semblait bien loin le village vivant et rieur ; ce n’était plus qu’une ombre, un fantôme, une plaie laissée là, message de terreur car il n’y avait plus de vivant aux alentours que quelques rats s’aventurant prudemment et sans bruit. Plus un vieillard pour geindre à voix basse contre ses rhumatismes, plus un enfant pour casser un carreau par mégarde et lancer des regards inquiets alentours pour vérifier que personne ne l’avait vu.

Tout avait été vite, bien trop vite pour que quiconque ne réagisse. Un soir, l’unique client de la petite auberge n’était pas descendu et l’ancien mercenaire, inquiet, était monté dans sa chambre, pour la trouver vide de son locataire. Seule une petite bourse était posée innocemment sur le lit et le tavernier l’avait ramassé d’un air déçu. Il allait se sentir plus seul encore. Il n’en eut pas le temps.
A peine la nuit était-elle tombée qu’ils étaient arrivés. C’était une de ces nuits noires où les nuages masquent les étoiles, comme pour leur épargner d’être témoins de ce qui peut se tramer au cœur de l’obscurité, une de ces nuits qu’on sent arriver en frissonnant et dont on a la profonde et intime conviction que l’on ne verra plus l’aube. Il n’y eut pas un cri, pas un son plus fort que le gémissement des femmes qu’ils assassinèrent dans leur lit ou au chevet de leurs enfants. Les hommes valides furent assommés avec une dextérité experte et emmenés dans les ténèbres. Tous les autres, vieillards ou enfants furent tués avec une inhumaine froideur.

Au sommet d’une des plus hautes maisons, se trouvait une forme sombre observant les opérations, ses yeux insensibles perçant la nuit sans difficulté aucune, un léger sourire barrant son visage froid que masquaient les ombres. Jamais, au si loin que remontaient ses souvenirs, et Khaine savait qu’il avait connu de nombreux pillages et razzias similaires, cela n’avait été aussi facile. Pas l’un des siens n’avaient été ne serait-ce que blessé. Ces humains avaient comme quelque chose de brisés en eux. Cet orbe, peut-être, qu’on le pressait si ardemment de récupérer.
Fermant les yeux un court instant, il avait tenté d’oublier la douleur qui lui lacérait encore le dos ; son maître était entré dans une fureur noire quand il leur avait appris que le sorcier les avait dupé et s’était enfui avec le talisman et l’orbe ; il en avait fait les conséquences, le village des keigh-mon aussi. Le druchii s’était alors enfoncé dans la nuit, dans la direction inverse de ses frères ; à la recherche du traître.


Deux jours durant, il avait suivi la direction indiquée par la sorcière, espérant que ses indications seraient exactes. Il était un traqueur remarquable, formé dès son enfance dans ses montagnes natales à ne devenir rien de plus qu’une ombre dans la nuit. Invisible, silencieuse, mortelle. Mais cette fois, il devait reconnaître que la proie était des plus habiles ; seuls des artifices, un tour de magie pouvait si bien masquer des traces pour que ses yeux n’en distinguent aucune. Cependant, la foi était son moteur. On lui avait dit de suivre la côte deux jours durant et de trouver la grotte et le tunnel. Il obéissait en serviteur fidèle et zélé.
Le soleil enfin daignait se montrer, mordant légèrement sa peau pâle de ses rayons capricieux. Les nuages le délaissaient pour voguer de leur existence morne et tranquille vers d’autres cieux, permettant enfin à l’azur de respirer une tranquille journée.

Jetant un regard derrière lui alors qu’il entamait l’ascension d’une pente abrupte, l’elfe constata qu’à l’horizon, un orage s’annonçait. Sans pour autant s’arrêter, il espéra trouver la grotte d’ici là. Les lieux correspondaient ; son regard vif balaya le petit plateau qu’il avait atteint. Çà et là, quelques fougères, un gros rocher, de l’herbe. Mais surtout, une ouverture, cicatrice au flanc de la montagne. Ce devait être la grotte, là où il retrouverait sa proie, selon les dires de la sorcière. Prenant une inspiration, vérifiant rapidement son équipement, il entra d’un pas léger mais déterminé sous la falaise, tous les sens en éveil.
Il dut se baisser et avancer de manière peu confortable pendant plusieurs centaines de mètres, car le tunnel était étroit, comme prévu pour un nain ou un être de ce gabarit. Le funeste prédateur ne ralentit pas pour autant, n’ayant plus pour compagnie un silence presque surnaturel, si glacial qu’il en regretta les moqueurs rayons du soleil qui mordaient sa peau d’albâtre. Petit à petit, une odeur remonta jusqu’à loin, semblant venir du bout du tunnel ; c’étaient d’horribles relents que charriaient les rares courants d’airs, une odeur de mort et de putréfaction. Le tunnel semblait se refermer peu à peu et n’était à présent plus que coudes et bifurcations, si bien qu’il commença à douter d’en voir un jour le bout, tandis même que l’odeur se faisait plus forte et plus présente. La mort ne l’avait jamais gêné, de toute sa longue et cruelle vie, mais ce funèbre parfum le prenait au corps, lui retournant les tripes comme elles ne l’avaient jamais été ; il eut pour la première fois un aperçu de cet étrange sentiment qu’on lui avait parfois décrit : la peur.
Pourtant, il ne paniqua pas et ce fut à peine si ses pas s’accélèrent jusqu’à ce qu’enfin, le tunnel se termina et qu’il parvint dans une salle bien plus vaste. Partout autour de lui, des ossements, des cadavres décomposés, des chairs putréfiées, morts solitaires n’ayant plus pour compagnie que les vers. Déglutissant difficilement, le druchii se plaça dos au mur, prédateur acculé, sentant instinctivement la menace qui se profilait. Le sorcier. C’était forcément lui.

Comme pour confirmer ses pensées, une ombre se jeta sur lui et, se dissipant avant même qu’il n’ait pu se débattre, le fixa au mur. L’assassin, pris au piège comme par une toile d’ombre, jeta des regards anxieux dans la grotte pour enfin voir s’approcher une forme voûtée mais menaçante. Il est naturel pour une proie de reconnaître un prédateur et ce fut cette sensation, encore inconnue jusqu’à alors, qui envahit l’elfe noir. Pourtant, lorsqu’il l’avait vu dans l’auberge, le vieil homme ne lui avait pas semblé si… imposant.
La voix de l’homme rompit le silence après quelques instants passés à jauger l’intrus du regard.
« Votre arrogance vous a joué un mauvais tour. Vous autres, elfes noirs, nous pensez trop faibles et stupides. Vous auriez dû vous douter qu’une si belle offre cachait quelque chose. »
Il marqua une pause.
« Peu importe. Je ne vais pas te tuer, elfe noir. Tu sais que tu ne peux rien contre moi. Fuis. Tu as vu ce que j’ai fait des gêneurs qui t’ont précédé. Dis à tes maîtres qu’ils ont perdu la bataille. Si je revois l’un des vôtres, sa mort sera longue et en précédera de nombreuses autres. »
Il s’écarta et l’assassin sentit les liens mystiques qui l’enserraient, ces serpents ombreux, s’écarter de ses poignets et ses chevilles, lui permettant à nouveau de bouger. Se mouvant d’un geste fluide vers le tunnel qui l’avait conduit là, il se risqua à un dernier regard et constata que le sorcier avait disparu. Il annonça cependant avant de fuir :
« Et toi, sorcier, tu devrais savoir que le courroux de mon peuple est impitoyable. Tu finiras par être puni. »
S’engouffrant dans le tunnel, mû par une force incroyable qui lui était inconnue quelques heures auparavant, il regagna l’air libre, loin de l’affreuse puanteur qui régnait là.



Les secondes s’allongèrent alors sur la grotte que plus aucun bruit ne perturbait, et devinrent minutes. Au centre de la pièce, le sorcier avait reparu et ne bougeait plus, comme plongé au plus profond de ses pensées. Le temps s’écoula, imperturbable jusqu’à ce qu’enfin le vieillard ne bougea enfin un bras. Dans un craquement sinistre, la grotte redevint ce qu’elle était, une paroi vierge et finie de pierre grise ; envolés les cadavres, dissipée l’odeur, fruit du vent grisâtre qui affluait en ces lieux, le rendant si puissant.
Il sourit doucement.
« Tu étais là, mon vieil ami, n’est-ce pas ? »
Seul le silence lui répondit et pourtant, il continua.
« Tu es bien silencieux. Je sais que tu es là. Comment pourrais-tu ne pas l’être ? »
Une fois encore, l’écho de ses paroles se perdit sur les parois de la vaste grotte et une fois encore, il marqua une pause avant de reprendre.
« Tu sais que je ne te rendrai pas le talisman. J’en ai besoin. »
Après un instant, il laissa échapper un petit rire.
« Comme c’est ironique. Et si déraisonnable. Mais je ne peux te remettre ce que tu es venu récupérer… L’orbe qui leur est si cher non plus, au fond. Si je veux rester en vie, j’ai tout intérêt à le garder. »
Il y eut comme un crissement d’une pierre contre une autre.
« Je comprend que tu te doives d’avertir les supérieurs de l’Ordre. Sans ça, ce ne serait pas drôle, mon vieil ami… N’est-ce pas ? Pour survivre à l’un de mes ennemis, me voici contraint de m’en faire un second, tout aussi dangereux… Et pourquoi cela ? »
La question demeura en suspens. A nouveau, plus rien ne bougea et le silence envahit de nouveau la grotte de sa présence presque palpable. Le temps semblait comme figé autour du vieil homme quand enfin, ce qui parut une éternité plus tard, il sortit de sa robe un petit talisman ayant la forme d’un corbeau. Le vieillard soupira et d’un pas lent, quitta la grotte.
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Eruvas
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MessageSujet: Re: [Recit] L'âme en peine   [Recit] L'âme en peine EmptyVen 12 Sep 2008 - 17:24

**yeha**

Toujours aussi bon, presque de la qualité de roman. Tu devrais vraiment faire écrivain XD (et c'est pas de la lèche !).

Deux petites erreurs :

Citation :
une dextérité experte

Je sais pas si ça se dit, en tout cas, ça ne sonne pas très bien.

Citation :
Le druchii s’était alors enfoncé dans la nuit, dans la direction inverse de ses frères ; à la recherche du traître.


Deux jours durant, il avait suivi la direction indiquée par la sorcière, espérant que ses indications seraient exactes.

J'ai eu un peu de mal sur ce passage-là, je croyais à la base que l'assassin était toujours sur le toit d'une maison, dans le village humain, et pas qu'il avait repris la route. Donc soit c'est pas clair, soit je suis un boulet. XD

Même si le temps d'attente entre les épisodes est un peu long^^, j'adore vraiment !
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Knurlnien
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MessageSujet: Re: [Recit] L'âme en peine   [Recit] L'âme en peine EmptyVen 12 Sep 2008 - 19:09

Génial ! **yeha**

J'aime bien ton style (bien que je le trouve un petit peu trop descriptif) et ton histoire est prenante et mystérieuse. :thumright:

Comme j'ai tout lu d'un coup je vais critiquer les deux textes en même temps.

Texte 1 :
Citation :
un vieil homme à la barbe grise et aux yeux d’un bleu pénétrant, vêtu d’une longue robe grise qui semblait l’accompagner depuis des lustres.
Gandalf on t'as reconnu ! **laugh*

Citation :
Nous vous conseillons de quitter le village dès demain. Toute trace de notre passage sera effacée dans le sang. »
Je pense que cette partie de la phrase est à couper. C'est un EN quand même, il ne vas pas être sympa avec un humain et encore moins lui donner des conseils !

Texte 2 :
Je ne vois rien à dire à part que le voyage de "l'ombre" n'est pas assez lié au début du texte à mon goût.

La fin est excellente !

J'espère juste que la suite sera plus rapide...

Knur' (à Wolfen le voyageur errant XD)

PS: Je pense qu'il serai temps de trouver un titre qui ajoute du suspense à l'histoire, genre : "l'orbe des tempêtes", etc... Il suffit juste que tu y mette du mystère en y incorporant une chose essentielles à l'histoire (personnage, artefact...) et le tour est joué sans trop se fouler. ;)
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Learyn
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MessageSujet: Re: [Recit] L'âme en peine   [Recit] L'âme en peine EmptyVen 12 Sep 2008 - 23:14

Euh.. Franchement... Je trouve ça nul.


Non en fait je suis carrément jaloux! Tout y est! Je ne peux que plussoyer pour une suite !
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Wolfen
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MessageSujet: Re: [Recit] L'âme en peine   [Recit] L'âme en peine EmptyLun 6 Oct 2008 - 19:51

Sur les toits d’Altdorf planait une brume grisâtre en ce matin frissonnant. La ville s’éveillait lentement d’un bout à l’autre de la capitale, faiblement parcourue des murmures endormis des habitants d’abord, puis envahie des voix galopantes alors que s’ouvraient les échoppes, que s’installaient les marchés, que rentraient les miliciens qui pour certains toute la nuit durant avait sillonné les dangereux faubourgs tandis que d’autres sommeillaient au coin d’une avenue du quartier noble. Les durs aléas du hasard, d’une partie de dés à une table du poste de la garde et d’un poids discrètement placé sur une des faces.

La cité s’étendait sur une si vaste distance que même ses plus anciens habitants ne pouvaient prétendre la connaître dans son intégralité. Entre les nobles et vieux quartiers du centre et les plus récents de la périphérie, il eut été bien dur de trouver des ressemblances tant tout, de l’architecture à la population semblait à cent lieues de différence. Et même au sein de ces districts vieillissants qui faisaient la fierté de l’Empereur et des aristocrates y logeant, on trouvait des abîmes de différence en ouvrant bien les yeux. C’étaient de simples rues, auxquelles on accédait par des ruelles sombres que l’on masquait du mieux que l’on pouvait aux yeux des passants, comme une infection, un parasite sur un corps bien réputé et qu’on préfère dissimuler et éviter une douloureuse ablation dont on parlerait pendant bien trop longtemps. Quelques rues, tout au plus, bien peu fréquentées et où l’on ne logeait que la lie et ceux dont la chute sociale paraissait irréversible. La Rue des Condamnés eut été un bon nom à en juger les réactions des quelques habitants de vieille ville qui se daignait à commenter ces innommables lieux — et en petit comité seulement, comme si le simple fait de les connaître fut digne de honte.

Et au grand dam des pauvres hères qui y logeaient, ce portrait défaitiste et inhumain s’avérait bien proche de la réalité. Alors que le soleil entamait sa lente course dans un ciel qui s’avérait bien moins triste que ne l’auraient cru les premiers levés d’Altdorf, ces rues ne semblaient pas en bénéficier, comme si une triste fatalité, de gris et sobres nuages invisibles bloquaient le soleil dans ces quelques allées, parcourue selon certains d’un vent frissonnant et presque mystique. L’activité qui y régnait était assez anecdotique et ceux qui y logeaient n’avaient généralement plus de travail digne de ce nom et les ingrats métiers qu’ils devaient exercer pour vivoter les forçaient à se lever fort tôt, marcher bien longtemps et rentrer bien après que ce soleil qui les boudait ne soit parti dormir. On voyait çà et là des cadavres de bouteille, amis pervers dans l’adversité. C’était dans cette rue morose que rôdait la vieille Greta, l’Edentée, dont on disait qu’elle avait autrefois dansé dans les plus riches tavernes de Nuln et qui désormais survivait comme elle pouvait, vêtue de loques, le visage couvert de rides, mendiant parfois, vendant le peu qu’il restait de son corps lorsqu’elle le pouvait et abandonnant ainsi les fragments d’âme qui lui demeuraient. Le seul autre habitant notable du quartier était Magnus. Seul à ne pas se laisser abattre par le mal-être ambiant, sillonnant ces ruelles qui formaient son territoire d’un pas fier, ayant le plus grand soin à conserver un semblant de propreté, ce chat noir longeait les vieilles bâtisses dont plus personne ne connaissait l’histoire, quémandant de quoi se nourrir aux quelques âmes bienveillantes qui avait encore de quoi partager. Hormis eux, personne ne se connaissait vraiment mieux que de vue, voire parfois de nom et les seuls quelques rares passants étaient généralement des êtres peu causants qui entraient dans une demeure abandonnée et qu’on ne voyait pas ressortir.

Y avait-il meilleur quartier en ville que cet enfer gris pour se dissimuler ? Sans doute pas et ceux qui l’avaient le mieux compris étaient les magiciens de l’Ordre Gris, les manipulateurs d’Ulgu, le vent des Ombres. En remontant quelques décennies auparavant, il n’y aurait d’ailleurs rien d’étonnant à ce que ce soient ces mêmes magiciens qui aient altéré le lieu pour en faire un point d’accès. Si leur quartier général se trouvait en effet bien loin de là, cela n’en restait pas moins l’une de leurs nombreuses cachettes et points de rencontre.

Le soleil n’était pas apparue qu’en ce jour d’une froide beauté se réunissaient dans cette rue, dans une salle aménagée sous cette rue sordide, plusieurs des magisters les plus importants de l’Ordre. Point de parures, de bijoux ou de dorures comme les autres magiciens pour ces adeptes de la dissimulation qui portaient tous des vêtements de voyages, généralement gris et sobres et affichaient un visage sur lequel, sans trop savoir pourquoi, on ne s’arrêtait pas et dont on ne mémorisait pas les traits. La porte grinça et le quatrième et dernier membre de la petite assemblée réunie dans le plus grand secret entra et vint s’asseoir à la table de bois usée et couverte de poussières. Assez étroite, la salle était carrée, basse de plafond et ne comportait qu’une entrée apparente. Tout l’espace en était occupé par la petite table autour de laquelle étaient installés les magisters.

Quelques secondes passèrent en silence avant que l’un ne prenne la parole. Il avait l’apparence d’un homme d’une trentaine d’années.
« Gerald a bel et bien mis la main sur le talisman. Seulement… Comme nous le craignions, il n’est pas décidé à nous le rendre. »
A nouveau, un silence eut le temps de recouvrir la pièce avant qu’un autre des magisters présents ne prenne la parole. Il ressemblait à un vieil homme courbé par les âges, aux yeux recouverts par des sourcils broussailleux.
« Nous nous en doutions. Il n’a jamais eu la force d’esprit nécessaire, et le talisman est un artéfact de valeur, même si les elfes noirs n’avaient pas l’air de se le figurer.
— Mais nous n’avions pas le choix. Il était le seul capable de les joindre et de les convaincre de sa sincérité. »
C’était l’unique femme de l’assemblée qui avait parlé d’une voix claire et précise. Le châle autour de sa tête laissait dépasser des boucles de cheveux d’un roux terni. S’ensuivit un débat court entre elle et le vieillard, l’un arguant qu’ils auraient dû utiliser les autres Collèges et le reprendre de force, l’autre maintenant que c’était l’unique choix judicieux. Un claquement de langues de la part du premier à avoir pris la parole les fit taire.
« Inutile de s’attarder en remords stériles. Toujours est-il que Gérald a le talisman et préfère conserver l’Orbe de Tempêtes. Il semble penser qu’il lui sera utile pour se protéger de la vengeance des elfes noirs — ce qui n’est pas dépourvu de vérité. J’ai laissé sur place mon familier, muni d’un enchantement, qui le suit. Je ne sais pas s’il passera longtemps inaperçu, mais qu’importe. Cela va nous laisser l’opportunité d’agir. Il va de soi que personne d’autre, pas même vos disciples, ne doivent savoir quoi que ce soit de ce qui s’est passé. »
Après un bref instant, le quatrième quidam, qui n’avait pas encore parlé, avança la main et prit la parole. Il s’agissait d’un homme d’âge moyen, aux cheveux brunâtres mi-longs, à la mode des ménestrels de l’époque.
« Vous allez vous occuper de Gérald. N’oubliez pas qu’il a toujours été puissant et qu’il possède deux objets de grande puissance. Il serait judicieux d’utiliser les elfes noirs pour parvenir à nos fins. Pour ma part, je vais m’entretenir avec le Patriarche et m’arranger pour que toute trace de son existence au sein de l’Ordre soit effacée. »

Hochant la tête d’un bel ensemble, les trois autres se levèrent et s’apprêtaient à sortir sans rien rajouter, fidèles au caractère taciturne et solitaire des umbramanciens mais la voix du dernier les retint.
« Evidemment, Gérald Fitzal doit périr, pour le bien de l’Empire. Il est désormais classé dans les ennemis dangereux, à abattre. »
Les mots, prononcés sans aucune émotion, jetèrent un froid sur les magisters déjà peu ravis.

Au dehors, le soleil brillait faiblement dans le ciel dégagé mais, comme affaibli de tristesse, ne réchauffait point les cœurs et les âmes des habitants d’Altdorf qui vaquaient à leurs occupations machinalement, revêtus de leur paisible ignorance.
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Eruvas
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MessageSujet: Re: [Recit] L'âme en peine   [Recit] L'âme en peine EmptyMar 7 Oct 2008 - 21:04

:thumright:

Génial. L'attente entre chaque texte est certes long, mais la qualité des texte va avec.
J'aime particulièrement la description d'Altdorf, celle du chat XD et tout ce qui concerne les umbramanciens.

Je n'ai pas pu m'empêcher de relever les quelques fautes que j'ai croisé XD :
-
Citation :
La ville s’éveillait lentement d’un bout à l’autre de la capitale
Ca ne me semble pas très correct, vu que la ville et la capitale forment le même endroit.
-
Citation :
pour vivoter
? Connaissait pas ce verbe. Dans le doute, je préfère le relever.

Continue comme ça !
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MessageSujet: Re: [Recit] L'âme en peine   [Recit] L'âme en peine EmptyMer 8 Oct 2008 - 14:48

**yeha**

Les délais se raccourcissent, c'est bien ! Continue comme ça (autant sur l'enchainement des textes que sur leur qualité !) :thumright:

Citation :
Citation:
pour vivoter

? Connaissait pas ce verbe. Dans le doute, je préfère le relever.
Si, si ça existe.

Knur' (qui en redemande XD)
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MessageSujet: Re: [Recit] L'âme en peine   [Recit] L'âme en peine EmptyMer 8 Oct 2008 - 16:53

Vraiment impressionnant **yeha**
Et je plussoie Knur' pour le verbe vivoter, il existe bien (si, si).
Evidement, c'est dommage que nos chers Druchiis ne soit pas au centre de l'intrigue, mais ça change un peu.
En tout cas, continue comme ça! XD
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Wolfen
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MessageSujet: Re: [Recit] L'âme en peine   [Recit] L'âme en peine EmptyMer 22 Oct 2008 - 22:06

Citation :
Citation :
La ville s’éveillait lentement d’un bout à l’autre de la capitale

Ca ne me semble pas très correct, vu que la ville et la capitale forment le même endroit.

C'est de la ville en tant qu'entité, que je parle. C'est donc voulu. ;)

La suite, donc.




Dans le ciel nocturne, vierge de nuage, siégeait la lune entourée de sa cour d’étoiles, berçant de son pâle halo la ville endormie, que ne venait guère troubler que les miaulements d’un matou égaré ou les aboiements d’un chien de la milice. C’était le genre d’instant qu’appréciaient tous les habitants d’Altdorf, un moment pendant lesquels la sensation d’être en sécurité prédominait et dissipait à elle seule la routine et ses tracas. Pourtant, au sommet des hautes tours qui perçaient la masse informe des toits de la capitale, certains ne pouvaient s’autoriser le luxe d’un sommeil satisfait et tranquille.
C’était ainsi qu’une lumière jaillissait encore d’une des fenêtres étroites d’une des tours des Collèges de Magie. Cette pièce encore éclairée était assez large, haute de plafond ; quelques bibliothèques le long d’un des murs, une porte sobrement décorée découpant un autre, une petite étagère contenant de quoi écrire adossé au troisième mur, le dernier vierge à l’exception de cette ouverture vers l’extérieur assoupi. Au centre de la petite salle, deux bureaux disposés l’un en face de l’autre, jonchés de feuilles et de dossiers manuscrits en désordre. Un homme était assis à l’un d’eux, un livre ouvert en son milieu ; il s’agissait du quatrième sorcier gris et sa tête aux cheveux mal coiffés reposait entre ses mains ; derrière lui se tenait un autre homme, vêtu de vêtements plus simples. On lui aurait donné une cinquantaine d’années, quoiqu’il en ait une dizaine de plus. Le crâne rasé, le menton glabre, il portait une fine moustache blanche un peu démodée qui surmontait des lèvres fines qui semblaient figées en une moue sévère. Le nez fin semblait s’effacer pour laisser place à ses yeux, d’un bleu intense et dans lesquels on ne pouvait manquer une vie longue et la connaissance de bien des maux que l’on préfère généralement ignorer.

L’umbramancien tournait les pages de manière régulière, comme cherchant quelque chose qui, volontairement ou non, échappait à sa fouille méthodique. Derrière lui, l’homme au regard azur marqua l’impatience qui commençait à l’imprégner par un claquement de langue irrité. Commençant peu après à faire les cent pas, il finit par rompre le silence et proférer à voix basse des malédictions contre ce Gerald, son inconscience, contre l’artéfact et contre mille autres choses qui lui passaient par la tête et qu’une seconde plus tard, il avait oublié. Son collègue sorcier semblait cependant n’y prêter aucune attention et soudain, dans un geste brusque qui vint briser la monotonie et le calme de la petite pièce, il tapa du poing sur la table de satisfaction. On aurait dit que c’était tout un univers qu’il venait de réveiller d’une torpeur qui reprit l’instant d’après, les chandelles se remettant à se consumer lentement, les feuilles étalées çà et là, renversées par le mouvement, replongeant dans leur léthargie.
Son comparse, cessant de marmonner, vint se pencher au-dessus de son épaule et lut attentivement, presque solennellement ce qui y était marqué, fixant ses mots dans l’air, prenant à témoin quelque invisible présence.

« Gerald Tanhauer, Maître Sorcier de l’Ordre Gris, Serviteur de l’Empereur. »
Un bref instant s’écoula avant qu’il ne reprenne la parole.

« Et bien, allez-y. Oublions. »

Le sorcier se retourna et regarda le vieil homme, comme pour chercher une nouvelle fois son approbation et, quand il lui donna, prononça, presque à regret, un mot de pouvoir. Passant son doigt sur la ligne écrite du grimoire, il en effaça toute trace des mots qu’ils avaient tous deux lus et rayant de fait l’existence de cet homme. Une fois son funèbre devoir accompli, il referma sentencieusement le livre. L’un comme l’autre cernaient très bien ce qu’ils venaient de faire, savaient parfaitement que bien plus que la mort de celui qu’ils avaient, sinon connu, croisé du moins, ils s’étaient arrogés le droit, au nom de l’Empereur, de l’Empire et des Collèges, de nier sa vie. Les siècles futurs ne garderaient pas une trace de celui qui avait, avant de faillir, contribué de nombreuses fois au bien de l’Empire. De la bouche du vieil homme sortit, sans qu’il s’en rende compte ni ne le désire, une petite prière, du type qu’on adresse aux morts qu’on enterre.
Avant que le silence ne s’installe à nouveau dans toute son oppressante pesanteur, le vieil homme marmonna à nouveau quelque chose à voix basse puis, élevant la voix, demanda :

« Dites-moi, mon vieil ami, comment tout cela a-t-il pu arriver ? Des renégats au sein d’autres Ordres, bien que rare, cela arrive. Mais, à moins que ma mémoire ne défaille, ce doit être la première fois de tout ce temps que j’ai passé à servir les Collèges que c’est à un Sorcier Gris que cela arrive ; et que de fait, on est contraint de prendre de telles mesures. Vos critères de sélection sont pourtant si stricts… »

Le magicien de gris vêtu ne répondit pas immédiatement, plongé qu’il était dans la contemplation abstraite du livre qu’il venait de refermer. Relevant légèrement le regard et se retournant, il haussa les épaules, comme pour regagner une partie de sa contenance. Son masque à nouveau était une moue sérieuse et indéchiffrable.

« Cela remonte à bien longtemps, même pour moi. Je n’étais qu’un apprenti, me semble-t-il, quand il a été repéré et recruté. Il était originaire de Marienburg et un des nôtres, au cours d’une mission dans la région, l’avait aperçu. Pour tout autre que nous, ce n’aurait été qu’un charlatan très doué, mais ce jeune homme qui gagnait sa vie grâce à ses tours d’illusion ne réussissaient pas de simples tours par habileté, comme la plupart des prestidigitateurs que l’on croise sur les étals des grandes villes de nos contrées ; non, en vérité, il maniait inconsciemment les premiers filaments d’Ulgu.
Dit de cette manière, cela peut paraître un fait commun ; je sais que ceux qui manient votre Vent, ceux de l’Ordre Blanc, comme d’autres — je pense surtout à l’Ordre Flamboyant — se révèlent parfois de telle manière. Mais pour un vent si subtil et perfide que le Vent Gris, cela relève de l’exception. Comment ne pas se montrer impressionné ? Il était évident que l’on ne pouvait laisser un tel potentiel en liberté et bien vite, il fut abordé et ramené à Altdorf, dans l’enceinte secrète du Collège. Qu’en serait-il de lui ? La question souleva de vifs débats. Il ne s’agissait pas là d’un honnête et loyal citoyen de l’Empire ; il venait de Marienburg et, bien que l’on n’ait pu définir avec exactitude ses liens de parenté, il semblait qu’il soit né d’une fille de joie et, au mieux d’un marin, au pire d’un pirate ou d’une quelconque raclure se terrant dans les bas-quartiers des villes. A première vue, il semblait discipliné ; on ne grandit pas si facilement, dans de telles conditions, dans un tel lieu ; y vivre est un défi en soi. Je dis vivre, mais survivre serait sans doute un terme plus juste. Cela avait fait de lui un véritable roublard, plein d’une expérience cynique d’une vie qui nous semble presque irréelle, de là où on est. Néanmoins, tout cela n’ôtait rien à l’incertitude qui planait sur ses motivations ; nous voyait-il comme un bon moyen de devenir puissant pour mieux fuir et s’en servir à des fins personnelles ? Comprenait-il même l’enjeu de ce qui lui arrivait ? Car c’était la mort que prônaient ceux qui s’opposaient à son initiation : on ne peut laisser vivant quelqu’un avec un tel potentiel, d’autant plus quand on l’a fait pénétrer en un endroit tenu secret aux plus hautes autorités même. A ce doute était opposé l’extraordinaire don qu’il dévoilait à peine. On a certes vu plus grand magicien dans notre Ordre ; notre Patriarche notamment est d’un calibre bien supérieur. Il n’en restait pas moins que son talent le destinait à devenir l’un des plus grands mages de l’Ordre, avec le temps et la pratique. Les débats firent rage mais finalement, l’on choisit de l’initier à la manipulation d’Ulgu, tout en veillant à lui inculquer une stricte discipline et à lui rappeler en toute occasion sa loyauté envers l’Empereur. Celle-ci fut de nombreuses fois éprouvées au cours de son apprentissage et jamais il n’y faillit. »

L’umbramancien marqua une pause, ses yeux se perdant dans le vague de ses souvenirs. Puis, reprenant :

« Le temps passa et un temps, on oublia les doutes que l’on avait émis à son encontre. Brillant, studieux, patient, il forçait le respect par sa sagesse, sa discipline et sa force de volonté. Je me souviens parfaitement de son regard résolu lorsqu’il appréhendait une nouvelle mission. Et à côté de cela, il semblait un gamin émerveillé lorsqu’il était envoyé loin de l’Empire, dans des contrées qui sans doute faisaient partie de récits des marins et aventuriers du port sinistre dans lequel il avait grandi. Peut-être aurait-on dû y faire attention, noter cette capacité à apparaître si différent d’un moment à un autre. Ce n’est pas toujours un défaut mais… Dans son cas… Enfin, qu’importe, ce qui est fait est fait.

Où en étais-je ?

Ah oui. J’étais devenu l’un des Maîtres de l’Ordre depuis peu lorsque l’on eut des raisons de douter de lui pour la première fois. Il avait été assigné depuis quelques temps déjà à une mission visant à surveiller et, à terme, démanteler, un culte du Chaos qui sévissait à Marienburg – oui, Marienburg, vous n’avez pas rêvé, mon ami — et sa mission, pour une fois, ne brillait pas par son succès. Je pris en personne la décision d’aller mettre un peu mon nez dans cette affaire, sans l’en avertir. Une intuition, qui s’avéra fondée. Etait-ce ce lieu, cette existence différente qui avait été sienne et qui se rappelait à lui ? Je n’en savais rien — et à l’heure actuelle, je n’ai toujours pas la réponse — mais le fait est que le culte en question avait été l’objet de plusieurs rapts d’objet magique et qu’il était bien plus affaibli que les rapports de Gerald ne semblaient l’indiquer. Une fois mon enquête approfondie, il s’avéra que c’était Gerald en personne qui s’était approprié certains de ces objets — d’autres avaient apparemment été détruits par ses soins, peut-être les jugeait-il trop maléfiques. Des objets puissants et qui influaient grandement sur ceux qui les possédaient. Le genre d’objets que l’on scelle et l’on enferme. Y avait-il succombé ? Il jurait que non. Il mentionna un prétendu complot au sein de l’Ordre, une trahison, sans jamais prononcer de nom, affirmant qu’il souhaitait les confondre et avait pour cela retardé plus que de nécessaire sa mission. Vérité ? Invention de dernier recours ? Toujours est-il qu’il produisit plusieurs documents dont il fut difficile d’attester de l’authenticité qui semblaient aller dans ce sens. Nous menâmes l’enquête discrètement et efficacement ; ne trouvant point trace de cette prétendue trahison, il fut jugé dans le plus grand secret. On estima que son âme n’avait pas été corrompue et qu’il pouvait encore servir. On rechignait à gâcher un tel potentiel, en vérité. Peut-être nous sommes nous aveuglés nous-mêmes. Il fut blâmé et sa vie ne tint qu’à un fil, du fait de son insubordination, mais il fut décidé de le laisser en vie. Les années passèrent. Il avait à peine trente ans, il a aujourd’hui largement dépassé la soixantaine et, malgré son talent et son absence d’écart depuis lors, il n’est jamais devenu un Maître, conséquence de cette sombre affaire. Parfois je me demande encore s’il ne disait pas la vérité. S’il n’avait pas de preuves formelles, ses documents paraissaient vrais. Oh bien sûr, un Maître d’Ulgu comme moi ne peut que se méfier des apparences mais… Enfin… On ne le saura sans doute jamais. Toujours est-il qu’avant de lui confier cette dernière mission et de lui remettre, ne serait-ce que pour un temps, l’Orbe, il y eut de nombreuses hésitations. Doutes qui s’avérèrent fondés, la suite nous l’a appris. Cette suite, vous la connaissez aussi bien que moi désormais. A-t-il succombé à la corruption ? Dans un premier temps, en récupérant le Talisman tout en conservant l’Orbe, il a accompli sa mission. N’a-t-il pas voulu les rendre que pour se protéger lui-même ? Je ne pense sincèrement pas. J’espère ne pas me tromper. J’ai envoyé trois Sorciers Gris récupérer les artéfacts. Nous parlons de quelqu’un qui… n’a jamais existé. »

Ces derniers mots furent prononcés dans un soupir, lâchés comme on abandonne un blessé derrière soi, par nécessité mais tout en sachant que toute sa vie durant, on le regretterait et que ce souvenir hanterait notre âme, allant jusqu’en ses tréfonds pour ne jamais s’en déloger. Le vieil homme hocha gravement la tête mais ne sut quoi rajouter. Il avait écouté presque religieusement les explications de son ami. Il ne l’avait jamais entendu tant parler et il savait que c’était, bien plus qu’une clarification, une confession à laquelle l’umbramancien s’était livré. L’invitant d’un geste à se relever, il éteignit les flammes agonisantes des chandelles de la pièce et ils sortirent tous deux de la salle obscure, l’abandonnant aux ténèbres.
Au-dehors, la lune peu à peu fuyait ce ciel morbide que ses compagnes, les étoiles, avaient déserté, cédant ainsi place à de lourds nuages. Bientôt, l’aube lui succéderait et le soleil reviendrait, trôner à sa place dans l’infini azur, veillant de sa chaleur réconfortante sur ce monde dont il spectateur.
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Knurlnien
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MessageSujet: Re: [Recit] L'âme en peine   [Recit] L'âme en peine EmptyVen 24 Oct 2008 - 18:47

Très beau ! :thumright:

Knur' (rien à ajouter ;) )
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Wolfen
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MessageSujet: Re: [Recit] L'âme en peine   [Recit] L'âme en peine EmptyVen 21 Nov 2008 - 19:40

Il est des lieux que bien peu connaissent et qu’encore moins fréquentent, ces lieux perdus et isolés, sombres et amers qui renferment on ne sait quoi d’âme corrompue ou rancunière, qui s’opposent à toute intrusion et s’éloignent de tout ce qui est civilisé comme l’on fuit la peste. En toute logique, c’est là l’idéal refuge pour ceux qui fuient et qui ont la force de se faire accepter là comme une puissance bien plus que naturelle.
La Lune du Chaos arborait un large sourire à contempler ce spectacle tandis que sa sœur se levait paisiblement. Entre les arbres torturés, à l’agonie, se dressait un vieux monument. Qu’était-ce ? Le temps lui-même avait oublié. Les ruines se dressaient vaillamment, comme conscientes de l’hostilité des lieux qui chaque jour, chaque nuit les enserraient un peu plus dans l’espoir d’avant la fin des temps les absorber, résistaient tant bien que mal. Pourtant, la fin de ces ruines semblait inéluctable : l’arche à moitié effondré était sans doute la partie de la bâtisse la mieux conservée. Peut-être avait-ce été un caveau ou un temple ; il y résidait néanmoins un étrange nœud d’énergie, ce type de courants qui ne pouvait qu’attirer un être aussi perdu et sensible.

Au cœur de nulle part, plus effondré peut-être que l’étaient les pierres qui l’entouraient, celui qui avait autrefois été Gerald Tanhauer était assis, hors du temps, contemplant un pendentif que sa main faisait pendre devant ses yeux exorbités, perdus. Son visage était marqué par le doute, le manque de nourriture et de sommeil. Quoique n’ayant jamais été très imposant, il était désormais plus que maigre, émacié. La courte barbe grise que le Sorcier Gris rasait toujours de près, la considérant comme sa seule fierté, était sale, drue ; le plus inquiétant pour quiconque pénétrerait en ces lieux et observerait ce corps immobile serait néanmoins ses yeux ; leur bleu n’avait plus rien de pénétrant, de lucide : en vérité, ils semblaient ailleurs, contemplant un autre monde, horrible et vraie à la fois, comme fascinés par une découverte impensable et indicibles et tentant à la fois de s’en détacher, sans succès. Par moments, il semblait revenir à lui, retourner à l’inaccessible réalité mais aussitôt il était de nouveau aspiré comme pris dans un inéluctable tourbillon, folie grandiose et inhumaine qui le rendait autre et si différent que sa vision détachée s’en trouvait inexorablement altérée. A son cou, le pendentif brillait comme jamais et semblait même siffler, vibrer, témoignant d’une vie séculaire et ignorée, d’une malveillance presque palpable.
Les ruines s’enfonçaient ainsi dans cette solitude amère et étrange menée par l’être plus perdu qu’elles encore tandis que les bêtes même, curieuses et sauvages qu’elles étaient, s’éloignaient de ce lieu qu’une malédiction devait frapper en ce lieu tant de fois maudit du monde qu’ils fuyaient ici, de ce monde que d’aucun aurait dit lui-même maudit, refuge naturel dont toute société était absente. Pourtant, depuis deux nuits, de nouvelles créatures avaient envahi les lieux avec la discrétion qui les caractérisaient, ne se montrant pas même des bêtes et observant de loin l’objectif qui leur était fixé. Ces prédateurs subtils se relayaient pour s’assurer de l’impassibilité de l’endroit.

L’elfe noir souffla très doucement au terme de sa course qui l’avait ramené en vue du temple. C’était là selon les rapports de ses éclaireurs que se cachait le traître, le voleur. Il savait qu’il eut été stupide de prendre à la légère ce keigh-mon, ce sorcier velu et pitoyable qui maniait une magie bien dérisoire comparée à celle de leurs sorcières car tout digne de mépris qu’il soit, il avait fait fuir Kaeneth, un assassin de talent qui jamais pourtant n’avait failli. Le druchii frissonna en repensant à la punition qui avait attendu celui-ci et en se rappelant que son cadavre ornait désormais les murs intérieurs du Temple, là où s’entrainaient les disciples. Un amer rappel de leur condition : celle de tueurs parfaits qui jamais ne devaient échouer. Lui-même, malgré son expérience et sa réputation ne pouvait se permettre cela.
Portant ses mains à son visage, il émit un sifflement bref et crissant, imitant le bruit d’un lointain oiseau de sa terre natale qui, se dit-il, se trouverait bien dépaysé en ces terres absurdes. Sous sa capuche sombre, il était aisé de distinguer des traits fins et cruels au maître assassin ; ses sourcils fins lui faisaient un visage sévère, soulignant ses yeux d’un bleu acier qui scrutaient sans cesse les alentours, comme animés d’une vie propre ; son nez d’aigle cruel et meurtrier surplombait le trait léger de ses lèvres pâles. Il sentait à plein nez la mort et la haine. Craint et respecté, il l’était depuis des éons ; et pourtant, même lui, en écoutant le récit de Kaeneth, avait été mal à l’aise, pris d’un trouble qui lui était pourtant très étranger.
Accroupi derrière un arbre, observant les lieux désolés, le tueur sentit plus qu’il ne vit arriver ses trois compagnons tandis que tout autour des ruines demeuraient en position les éclaireurs. Quatre assassins entraînés pour un simple keigh-mon ; en toute autre circonstance, c’eut semblé absurde ; pourtant, même ainsi, tout maître assassin qu’il était, il ne se sentait pas rassuré, guidé par un sixième sens funeste qui lui indiquait que le magicien devait savoir qu’ils étaient là.
Un silence glacial pesait désormais sur le marais perdu et sur les épaules des elfes noirs vengeurs venus récupérer leur bien. Un silence surnaturel, terrifiant que pourtant Morrslieb aurait bien brisé de ses éclats de rire tant elle semblait hilare dans le ciel nocturne. Le temps s’étira comme il savait si bien le faire en un espace infini et douloureux, languissant jusqu’à ce qu’un félin téméraire ne brise de maladresse une branche morte au sol. Ce fut comme un signal pour les druchiis qui comme un seul corps se mirent en branle vers le monument en ruines qui accueillait leur ennemi. Leur marche discrète et lente, de couvert en couvert, invisible dans la nuit que pas une étoile n’éclairait, trop effrayées qu’elles étaient par ce qui allait suivre. Quand le maître assassin posa enfin le pied sur les ruines ancestrales et dérangeantes, il se demanda un court instant comment se faisait-il qu’un félin ait eu la maladresse de causer ce bruit ; cependant, la tension palpable et croissante qui se répandait alentour l’empêcha de prolonger ses pensées.

« Il est temps pour toi de te réveiller à cet autre monde si laid. Il est temps pour toi de te défaire de tes ennemis. »

La voix résonnait sévère et cruelle, distordue et douloureuse, dans la tête de celui qui avait été Gerald Tanhauer, maître sorcier de l’Ordre Gris, résonnait comme un ordre implacable et évident si bien qu’il se leva, lentement, maladroit comme quelqu’un qui s’éveille d’un long et ténébreux sommeil, entaché de cauchemars et de rêves et qui voit en notre monde un triste et monotone reflet. Parfaitement debout, il regarda autour de lui, comme perdu, jusqu’à ce que la voix résonne à nouveau, plus insidieuse cette fois, sifflante et serpentine.

« Bats-toi pour moi. Bats-toi pour nous. »

Ces mots lui suffisaient. Peu clairs, tyranniquement cyniques, à son âme ils révélaient bien plus, dissimulaient la brume qui entachait sa vue. Enfin tout lui semblait clair. Le talisman. Les elfes noirs. L’Ordre Gris. Ils en voulaient à sa vie, au talisman. A son talisman. Il claudiqua droit devant lui vers la surface, vers le danger qui s’approchait.


La Lune du Chaos dans le ciel observait assassins et proie, fou et victimes qui se rapprochaient et s’apprêtaient à lutter à mort sous son regard rieur. Ne manquait plus à ce sanglant spectacle que le troisième joueur qui ne tarderait pas à profiter de la situation.
Les quatre druchiis avançaient prudemment dans les ruines d’un autre temps sans se préoccuper des inscriptions effacées des murs démolis, témoignages d’autres temps et d’autres mœurs, d’autres sacrifices qui n’avaient rien à envier à ceux qui allaient suivre. Le maître, en tête, fut le premier sur les marches fragiles qui donnaient sur les profondeurs obscures du temple ; il remarqua le vent froid qui se dégageait des ténèbres plus profondes encore que la nuit pourtant sombre : un vent qui s’infiltrait sous sa tunique, presque tendrement d’abord, puis avec une vigueur étrange et maléfique, presque vivante. Ce fut le râle d’un de ses compagnons qui l’éveillèrent à cette menace sournoise qui, langoureuse, le prenait à la gorge. Son bras, guidé par l’automatisme dû aux années d’entraînement, parvint lentement à sa ceinture tandis que la prise du vent sur son cou délicat s’affermissait violemment. Sa main, se saisissant d’un petit objet cyclique, se ralentit ; l’air lui manquait, il suffoquait, de même que les trois autres assassins. Au prix d’un douloureux effort, il s’ordonna un mouvement sec et lâcha le petit objet qui dissipa l’obscure magie, leur gorge aspirant goulument l’air qui lui était enfin offert. Se massant la gorge, le tueur jeta un regard à ses trois frères de race : l’un avait failli s’évanouir, les deux autres reprenaient comme lui leur souffle, quelque peu agités par cette première attaque qui leur confirmait la dangerosité de leur ennemi. Il laissa une petite minute s’écouler et d’un raclement de botte sur la pierre, ordonna à l’expédition de continuer son avancée.
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Knurlnien
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MessageSujet: Re: [Recit] L'âme en peine   [Recit] L'âme en peine EmptyVen 21 Nov 2008 - 20:23

Bon entrée en matière, a quand la suite ?

Citation :
il se demanda un court instant comment se faisait-il qu’un félin ait eu la maladresse de causer ce bruit ; cependant, la tension palpable et croissante qui se répandait alentour l’empêcha de prolonger ses pensées.
Suspense !


Citation :
« Bats-toi pour moi. Bats-toi pour nous. »
**fou** Heuuu, faut pas trop te laisser influencer pas Le seigneur des anneaux ou Warcraft 3 : ça fait quand même un peu cliché. :P

Knur' (qui se retient de respirer jusqu'au prochain épisode XD)
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