Voilà, j'ai eu l'idée d'un petit projet d'écriture qui consiste, par des textes plutôt courts, à donner des aperçus du background elfique, et notamment à montrer que les Asur ne sont pas des bisounours qui n'ont rien à se reprocher.
Donc voici le morceau de fluff premier du nom.
Elimination rapide
«Cible : Ielam,
Originaire de Cothique,
Renvoyé de la tour blanche pour cause d’insubordination,
Soupçonné d’hérésie,
Présumé chef d’une secte montante,
Elimination rapide souhaitée. »
Haelreth froissa le parchemin entre ses doigts. De toutes façons, ceci et la suite du message, à savoir la liste des lieux où il avait de grandes chances de trouver sa cible, il les connaissait par cœur.
Il sortir une petite sphère en pierre de sa besace, sous sa cape bleue nuit. Elle s’ouvrait en deux, comme une petite boîte, et en son centre brûlait une flamme magique. Haelreth y plongea le parchemin et le regarda brûler entre ses doigts.
Après avoir rangé l’artefact, l’homme se re-concentra sur son environnement. Les portes grandes ouvertes de la ville de Galea lui faisaient face. Des charrettes rentraient et sortaient régulièrement, cahotant sur la route pavée qui passait sous l’arche de pierre.
Haelreth conduisit son cheval par la bride à l’intérieur des murs.
De grandes maisons aux murs blancs et aux tuiles multicolores se dressaient partout. Appendices et tours se greffaient aux corps principaux dans une harmonie certaine. Architecture elfique classique.
Des souvenirs affluèrent. Il était déjà venu ici, pendant la guerre ouverte contre le culte du plaisir, jadis. Il y avait enquêté.
Haelreth attacha sa monture à la première barrière qu’il trouva, devant une auberge. « Au bon accueil », lit-il simplement avant d’emprunter l’artère principale, qui se lançait vers une zone apparemment bruyante. Sans doute le marché. Là où il risquait fort de trouver son homme.
Plus il marchait, plus le brouhaha des voix montait et plus les étales fleurissaient des deux côtés de la rue. Poissons séchés et légumes frais y étaient étendus sous les yeux convoiteurs des citadins qui déambulaient. Haelreth y faisait à peine attention. Il cherchait du regard une assemblée, un groupe de badauds. Quelque chose qui ressemblait à une meute d’hérétiques en puissance buvant les paroles d’un forcené.
Il trouva bientôt ce qu’il cherchait, sur une place où débouchait l’artère.
Haelreth reconnut le lieu. Ici, il y a plusieurs siècles, il avait assisté à l’exécution publique de slaaneshi qu’il avait lui-même démasqué. Comme d’habitude, certains avaient clamé leur innocence jusqu’à leur dernier souffle. Certes, il avait bien eu des doutes sur la culpabilité de certains, mais il valait mieux être prudent avec l’hérésie.
A l’endroit où jadis s’étaient tenus les Maîtres des épées et leurs victimes, se trouvait maintenant une estrade en bois, sur laquelle vociférait un homme vêtu d’une robe mauve. Une dizaine d’hurluberlus habillés de la même façon avait les yeux rivés sur lui. Un capuchon leur recouvrait à tous la tête.
Ils avaient sans doute peur de la lumière, et cherchaient à s’en cacher, de peur de voir leur propre laideur intérieure.
Haelreth le sentait, il émanait de l’orateur une aura magique. C’était cette parodie de pouvoir qui venait de démasquer Ielam.
« Mes chers amis, l’heure est venue, vous dis-je. » criait ce dernier.
« Tu ne crois pas si bien dire. » murmura Haelreth.
Il plongea les bras dans sa besace. Lorsqu’ils en ressortirent, une griffe à trois lames ceignait sa main gauche. Un pique long, au centre, et deux plus petits, sur les côtés.
« L’heure est venue de rendre gloire à notre Dieu, en lui offrant les âmes de tout ces innocents. »
Haelreth leva un sourcil en souriant. Celui-là était particulièrement dérangé du bocal. On aurait dit qu’il s’apprêtait à massacrer la foule. Mais Ielam avait fait l’objet d’une enquête, il ne pouvait qu’être dangereux en puissance, et non en acte, sinon son cas aurait été traité depuis longtemps.
Haelreth avança vers le petit groupe. Il allait fendre l’assemblée, et loger dix centimètres de métal entre les deux yeux de ce sorcier raté, avant de s’évanouir dans la foule.
Un mouvement commun à tous les hommes en robe l’arrêta dans son élan. Tous venait de tirer une dague de sous leur vêtement. Excepté leur chef, tous se retournèrent vers la foule, et chacun choisit sa première victime parmi les passants. La dizaine de lames se leva et s’abaissa dans une chorégraphie presque parfaite, perforant les torses.
Haelreth s’était figé, il n’en croyait pas ses yeux. Les cris de douleur des victimes dominèrent pendant un instant le brouhaha de l’endroit, juste avant qu’elles ne s’écroulent, une à une. Les cris d’horreur des badauds suivirent. Des gens se mirent à s’enfuir en courant, d’autres restaient bouche bée, livides.
Les fanatiques reprirent leur cérémonie meurtrière. Certains devaient parfois courir pour attraper leur victime et la poignarder.
Un homme tout de violet vêtu courut vers Healreth, une lame dressée au dessus de lui. Ce dernier jeta sa main droite sur le poignet armé, l’enserrant fermement, puis son poing griffu vînt s’écraser dans le ventre de l’agresseur. Grimaçant de colère, Healreth tourna et retourna l’arme dans les intestins de son adversaire. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas ressenti une si grande joie en tuant. Pas depuis la guerre contre le culte, en réalité. Ce n’était que lorsqu’il tuait les plus fieffés hérétiques qu’il éprouvait cette satisfaction.
Revenant au temps présent, il rejeta le corps sans vie à terre. D’un rapide coup d’œil, il s’aperçut que personne n’avait remarqué sa petite intervention. Son analyse de la scène lui apprit aussi que d’autres fanatiques en robe mauve avaient surgi de rues adjacentes, répandant la mort dans la foule.
Deux soldats citoyens en maille accoururent par la droite. Ils pointèrent leur épée sur l’un des forcenés. Mais, alors que l’un d’eux allait frapper, l’autre jeta sa lame dans la gorge de son camarade, avant de partir d’un rire démoniaque qui couvrit partiellement les bruits de panique tout autour.
Il fallait tout le sang froid et l’expérience d’Haelreth pour ne pas y céder, à la panique.
Le jeune tueur fixa de nouveau ses pensées sur son objectif, et il calcula une trajectoire jusqu’à celui-ci. Mimant la peur, il se mit à courir. Il décrivit un arc de cercle qui l’amena juste derrière l’estrade où se tenait encore Ielam, contemplant son œuvre. Progressant alors à pas de loups, Haelreth se glissa juste derrière le personnage et le saisit brutalement, enserrant son cou avec sa main droite.
« Désolé d’interrompre ton heure de gloire, mais il est temps de mourir, Ielam. »
L’intéressé ricana. Haelreth sentit qu’il essayait de manipuler les vents magiques. Cependant, grâce au pendentif que lui-même portait, il était impossible de se servir de la magie dans un petit rayon d’action. Le rire du mage cessa.
« Et oui, on ne se sert pas de la sorcellerie contre moi, ricana cette fois Haelreth.
- Il est déjà trop tard, chien de la tour blanche, tout est en marche. Ce soir, toute la ville aura été sacrifiée à la gloire de notre Dieu ! Même toi, tu ne peux stopper ceci.
- Laisses-moi en douter. En tout cas, tu ne seras pas là pour le voir. »
L’instant suivant, Haelreth enfonça sa griffe dans la moelle épinière de l’hérétique et soutînt doucement le corps sans vie jusqu’au sol.
« Un hérétique ! » hurla un homme en mauve qui avait vu la scène.
Une dizaine de têtes se tourna vers l’agent de la tour. Haelreth n’hésita pas un quart de seconde. Il se lança en courant dans la rue où il semblait y avoir le moins de ces fanatiques.
De multiples bruits de pas derrière son dos lui apprirent qu’il avait été immédiatement pris en chasse par un bon nombre d’entre eux.
Sa progression rapide lui montrait des rues de moins en moins peuplées par des robes violettes, et de plus en plus par de paisibles citoyens qui ne savaient pas ce qui se passait dans le quartier voisin où l’on entendait pourtant des cris. Les gens regardaient avec curiosité passer ce qui devait pour eux être un goupil poursuivi par ceux qu’il avait volé.
A un nouveau carrefour, il prit à droite, ce qui devait le rapprocher de la périphérie de la ville. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il découvrit qu’il était dans une impasse. Une grande bâtisse blanche occupait toute la fin de la rue.
Haelreth s’arrêta devant le mur d’albâtre. Un regard au dessus de lui indiquait une escalade difficile pour atteindre les fenêtres de par leur hauteur et les murs lisses. Quant à la porte en bois, son épaisseur apparente lui faisait déjà mal à l’épaule.
Le tueur se retourna vers ses poursuivants, qui venaient de s’arrêter derrière lui, brandissant chacun une dague déjà rouge de sang.
Haelreth dégaina son épée et se mit en garde, jaugeant du regard chacun de ses opposants.
Onze hommes se trouvaient là, frénétiques, n’attendant que le début du combat. Certaines capuches étaient retombées, laissant voir des visages déformés par la folie. Une parodie d’elfe.
« Par Asuryan, murmura Haelreth, si je dois mourir ici, j’emmènerai le plus possible d’hérétiques avec moi. »
Et il fit un pas en l’avant.