L’aube n’avait pas encore paru. Sur la colline, une silhouette enveloppée d’une longue cape restait immobile. La lune n’avait toujours pas laissé place au soleil, mais ce n’était pas un problème pour l’elfe, dont la vision était bien supérieure à celle d’un humain.
Son regard était fixé sur l’horizon. Au-delà de la forêt clairsemée, il devinait le camp de l’armée ennemie, les régiments de guerriers qui finissaient de se mettre en branle pour marcher sur les avants postes de Tor Achare. Careydrel devait à tout prix les en empêcher. Il avait rassemblé les soldats citoyens, lanciers et archers, alors que les fils des nobles de la région formeraient sa garde personnelle. Les quelques Lions Blancs qui n’assuraient pas en ce moment la protection du Roi Phénix s’étaient regroupés, prêts à recevoir l’ennemi à grands coups de hache. La présence honnie des elfes noirs avait attiré les éclaireurs de Nagarrythe, les sombres Guerriers Fantômes. Même si Careydrel ne pouvait s’empêcher de frissonner en croisant le regard brûlant de haine de ces guerriers, il savait que leur aide serait précieuse, précisément contre leurs frères maudits.
Il fit demi-tour et revint vers le camp de ses propres troupes. Ses guerriers étaient en nette infériorité numérique, mais Careydrel savaient qu’ils se battraient jusqu’au bout. Un cri perçant retentit au dessus de lui, le tirant de ses pensées : deux grands aigles majestueux volaient vers l’armée haut elfe. L’un d’eux était chevauché par le sage Athaniel. Le mage avait donc réussi à convaincre les nobles rapaces de se joindre à eux. Ils ne seraient pas de trop pour repousser les Druchii.
Le commandeur arriva pour voir son armée prête au départ. Sa monture était scellée, il l’enfourcha et se tint face aux elfes en formation. Il regarda ses capitaines, puis leurs hommes, et comprit qu’aucune parole ne serait nécessaire. Il sut que leur détermination serait sans faille, même si tous étaient conscients que beaucoup ne reverraient jamais Tor Achare.
Le cœur de l’elfe s’emplit soudain de fierté, même s’il n’en laissa rien paraître. « Frères, pour Ulthuan et le Roi Phénix ! » dit-il d’une voix forte en dégainant l’épée de ses ancêtres. Les elfes levèrent leurs armes en une grande clameur. Au même instant, un nuage de poussière annonça l’arrivée de l’armée elfe noire.