(Je me suis souvent intéressé aux personnages druchiis célèbres de nom mais dont les péripéties sont souvent peu détaillées dans les codex.
Je vous propose ici un récit sur la trahison d'Hotek, le prêtre renégat de Vaul, en m'appuyant sur les infos (assez rares même sur Internet) sur ce personnage. Ceci est bien sur purement arbitraire. Il y aura certainement beaucoup de choses à redire aussi bien sur le fonds que sur la forme, mais bon, en attendant...)
La trahison d'Hotek
Le bruit métallique et assourdissant des coups de marteau sur l’enclume emplissait la pièce. La chaleur et la faible lumière dégagées par les fourneaux rendaient la salle de travail d’Hotek particulièrement malsaine et désagréable pour qui n’y était pas habitué. L’immense forge était une pièce annexe de sa demeure, qu’il avait soigneusement fait aménager en sous-sol. L’elfe à la carrure et la taille impressionnantes semblait littéralement absorbé par sa tâche ; il façonnait une série d’épées longues depuis le début de la matinée, et ne s’arrêterait que lorsqu’il estimerait en avoir fait assez.
L’un de ses disciples apparut dans la pièce, et s’approcha à pas feutrés du maître-forgeron, jusqu’à arriver à quelques mètres à côté de lui. Le jeune elfe savait que son maître l’avait entendu, et il hésitait à le déranger. A vrai dire, Hotek faisait peur. Charismatique, glacial, grand et massif, le Prêtre de Vaul inspirait un respect mêlé de crainte. Il frappait. Il frappait inlassablement sur son enclume et son élève resta quelques longues minutes à attendre qu’il fasse attention à lui. En vain. Le front en sueur, les muscles saillants, les traits du visage crispés dans une expression d’intense concentration, Hotek ne bronchait toujours pas.
- « Maître... ?
- Que me vaut cette interruption, Verdhis... » Questionna le Serviteur de Vaul d’un ton paisible, stoppant son ouvrage pour lever les yeux vers son élève le plus prometteur.
- « Le commandeur Léodarian est ici. Je ne sais pas vraiment pourquoi... il demande à vous voir sur-le-champs.
- A-t-il dit quoique ce soit ?
- Non, il a déclaré ne vouloir parler qu’à vous seul.
- Je suppose qu’une vingtaine de soldats armés est avec lui.
- Oui...oui c’est exact maître... comment l’avez-vous deviné ? Qu’est-ce que cela signifie ?
- C’est ce que nous redoutions Verdhis. Cela devait bien arriver un jour. Va prévenir les autres, qu’ils soient près. J’ai dit. »
Le jeune elfe obtempéra sans un mot, tandis qu’Hotek se débarassait de son tablier afin d’enfiler des vêtements plus décents. Parvenu devant la porte, il s’immobilisa, puis fit lentement volte-face. Un instant, il fixa l’immense forge sans bouger, avant de revenir sur ses pas pour saisir le Marteau de Vaul, l’un des objets les plus puissants de tout Ulthuan, qu’il utilisait depuis des siècles pour façonner divers armes et objets magiques. Après quoi, il sortir de la pièce sombre et suffocante pour se diriger vers la salle principale de sa gigantesque demeure. Quelques uns de ses disciples étaient présents ; le forgeron nota néanmoins qu’aucun des visiteurs n’était assis. Le commandeur Léodarian, réputé pour être l’un des meilleurs parmi les siens dans le royaume de Caledor, attendait, l’air maussade, accompagné d’une quizaine d’hommes d’armes. Nullement perturbé, le maître des lieux vint jusque devant eux, son visage affichant un air parfaitement neutre.
- « Bienvenue dans ma demeure, Léodarian. Asseyez-vous donc et acceptez que...
- Ne vous donnez pas tant de mal Hotek. Je ne suis pas ici en visite de courtoisie. Ce que j’ai à vous annoncer est de la plus haute importance et ne doit souffrir aucun délai. De bien graves accusations pèsent sur vous.
- Moi qui me réjouissais de recevoir un homme aussi illustre dans ma demeure. Me voici affreusement déçu.
- Ne persiflez pas Hotek. Vous n’avez pas l’air de comprendre. Les dirigeants de ce royaume savent que quelque chose se trame ici depuis longtemps. Voila des mois qu’aucune arme, qu’aucun équipement de votre forge ne nous est parvenu. Des mois pourtant que vous travaillez dans cette forge infernale. Des mois que... »
Léodarian stoppa son monologue lorsqu’il constata que son interlocuteur souriait. C’était bien la dernière réaction que le commandeur s’attendait à voir. S’il soupçonnait volontiers l’illustre forgeron, ce qu’il voyait dans ce sourire mesquin était inconcevable.
Les deux hommes continuèrent à se fixer silencieusement. Hotek confessait sans aucune gêne dans cette absence de paroles ce que beaucoup de Caledoriens croyaient depuis quelques semaines. Hotek était un traître, un renégat. Et sa trahison était des pires. Léodarian ne tarda pas à déduire que toutes les armes forgées en ces lieux depuis des mois que les armées d’Ulthuan n’avaient jamais reçues, étaient parties en secret servir les troupes de Nagarythe.
- « Je n’arrive pas à le croire... Hotek... qu’avez-vous fait !...
- Ce qui devait être fait. Rien de plus. J’ai mis mes talents au service de notre souverain légitime.
- Vous avez osé faire ça... vous avez osé vous ranger du côté de ce fourbe, de ce boucher sans honneur ! vous avez pactisé avec l’assassin de Bel-Shanaar ! Vous avez cautionné la mort de notre Roi Phoenix !
- Bel-Shanaar n’était qu’un usurpateur adorateur de Slaanesh. Léodarian, il n’aurait jamais du être couronné roi en lieu et place du Seigneur Malékith, qui de toute façon reprendra son trône tôt ou tard.
- Taisez-vous immédiatement Hotek ! Je ne veux plus entendre quoique ce soit de la bouche d’un traître de votre espèce. J’ignore par quoi ou par qui votre esprit autrefois exemplaire a pu être perverti mais tant pis. Ceci ne fait que confirmer ma mission. Suivez-nous, et n’opposez aucune résistance, sans quoi je vous exécuterai sans sommation. Ne me faites pas ce plaisir... »
Cette fois, la réaction d’Hotek fut plus vive. Levant le lourd Marteau de Vaul au dessus de sa tête, comme en signe de défi, le forgeron frappa avec violence le sol marbré de sa demeure, brisant les dalles devant lui. La puissante magie contenue dans l’artefact créa par la même occasion une brusque onde de choc qui fit perdre l ‘équilibre aux soldats devant lui.
Le désormais renégat hurla à ses disciples de filer aux écuries et de détacher tous les chevaux. Après quoi, il se retourna pour fuir.
Manifestant sa colère alors qu’il se relevait, Léodarian ordonna à ses soldats de les poursuivre et d’abattre Hotek, alors que certains de ses disciples étaient déjà maîtrisés. Le renégat parvint aux écuries avec quelques secondes d’avance sur ses poursuivants, et eut la satifaction de constater que Verdhis et trois autres disciples avaient échappé aux soldats, et avaient dételé suffisamment de chevaux.
Une fois que tous étaient sortis, Hotek frappa les poteaux de soutien de l’écurie, qui s’effondra sur les courisers elfiques sans cavalier, empêchant ainsi toute poursuite à cheval. Après quoi, il lança sa monture au galop sans se retourner, bientôt imité par ses derniers fidèles. Il aurait volontiers tué le commandeur, qu’il était certain de pouvoir défaire en combat singulier, mais il ne voulait pas prendre de risques inutiles, se doutant de toute façon que sa trahison était d’ores et déjà reconnue.
Léodarian arriva quelques instants trop tard aux écuries, lame au poing, et hurla sa frustration en constatant que le traître était déjà trop loin, et qu’il n’y avait plus aucun moyen de le poursuivre.
- « Maître, nous n’avons ni eau ni provisions ! Nous ne pouvons aller nulle part ! ...
- Tu te trompes Verdhis, nous avons une destination. Celle des vrais successeurs d’Aenarion. Et c’est à Nagarythe que nous allons. »