Le Marchand de Cathay
Le sombre navire ralentissait à l'approche des côtes tiléennes. Les première lueures du soleil formaient une douce lumière qui contrastait avec les collines.
Delekht Eternar, le jeune noble qui avait hérité de cette galère le mois dernier, regardait les plages du vieux monde se former à l'horizon. C'était sa première expédition. Bien sûr, il s'y était préparé physiquement et psychologiquement, mais cela restait une première fois. "Je ne dois pas échouer, l'honneur de ma famille est en jeu" se dit-il.
Enfin, il accostèrent. Le noble convoqua son second, darnakh et lui ordonna :" Selon mes informations, un village de misérables humains se trouve derrière cette colline. Dis aux ombres de le repérer et de m'en donner son exacte position, ainsi que la garnison mise en place." Les elfes se mirent a installer le camp.
Les ombres revinrent vers midi. Le chef de l'unité appela Delekht et lui annonça: "le village se trouve juste derrière la colline au creux d'une rivière, entouré par la forêt. Malheureusement, ce taudis possède un fortin qui contient environ une centaine de soldats et, il me semble, trois canons placés sur les tours du bâtiment qui doivent provenir de l'empire humain. La bonne nouvelle est qu'un très riche marchand humain y fait escale avec toute sa caravane qui revient de Cathay. Il y a là une immense fortune!" Le noble but ses paroles et réfléchit. Sa propre armée se compose surtout d'ombres et de cavaliers noirs qu'il a embauché à Karond Kar. Ses propres troupes n'étaient pas plus qu'une trentaine. Il connaissait l'égocentricité et la pathétique peur du danger des commerçants humains, et il imagina un plan astucieux...
A la tombée du soir, Borivar, exténué de son retour de Cathay, s'assit sur un banc avec une bouteille de vin de Nuln pour admirer le coucher du soleil. "Je suis riche" se dit-il, fier de lui-même.
Tout à coup, se découpant dans les ténèbres de la forêt, il aperçut des cavaliers, tout de noir vêtu, sur des coursiers noirs, tendant des arbalètes à répétition dans sa direction. "A l'aide" héla-t-il tant qu'une volée de traits abbatait deux de ses serviteurs, "à l'aide"! En moins d'une minute, toute l'armée humaine était sortie du fortin, les armes à la main, prête à recevoir les envahisseurs (il n'était pas question de décevoir un client de cette envergure). Il protégèrent efficacement le bourgeois,harcelant les cavaliers avec leurs arquebuses. Etrangement, les cavaliers ne semblaient pas vouloir approcher, se contentant de se cacher derrière les arbres et de lancer quelques traits épars. Au bout de dix minutes, le capitaine humain crut comprendre ce qu'il se passait, et se retourna vers son fortin.
Des elfes noirs avaient prit place sur les remparts, étaient en possession de ses canons et armaient leurs arbalètes. "Oh, non" pensa-t-il, "une diversion". Ce fut ses dernières pensées, tandis qu'un trait vif et bien placé lui transperçait le coeur.
Darnakh, depuis la tour qu'il occupait sur le fortin, s'adressa à son supérieur: "vous n'avez pas perdu la main, monseigneur". Tandis qu'il abattait un second humain, celui-ci répondit: "en effet".
Parmi ses pensées bouillonantes et émoustillées par la victoire, une idée jaillit en lui par-delà les autres: "j'ai réussi."